14 avril 2022

L’AFP Québec est allée sonder ses membres un peu partout au Québec afin de dresser un portrait de chacune de nos belles régions et modestement dresser un état des lieux de la philanthropie, ici et là.

 

 

Stéphanie Thuot, directrice générale de la Fondation Santé Rouyn-Noranda, est à ce jour notre seule membre œuvrant en Abitibi-Témiscamingue.

Nous sommes chanceux qu’elle ait accepté de se prêter au jeu des questions-réponses et nous espérons compter bon nombre de professionnels en philanthropie œuvrant dans cette belle région dans les années à venir, en répondant au mieux aux besoins du secteur et de ses acteurs.

 

 

 

  • Pourquoi avez-vous choisi de faire carrière en philanthropie ?

« Parce que donner au suivant et aider les autres fait partie de moi ! Forte de ma formation et de mes expériences de travail en communication, en marketing et en gestion de projets, le poste de directrice générale à la Fondation hospitalière de Rouyn-Noranda, maintenant la Fondation Santé Rouyn-Noranda, était pour moi. Faire carrière en philanthropie, c’est avoir l’opportunité de se réaliser professionnellement en faisant une réelle différence dans son milieu. Un mariage parfait à mes yeux ! »

  • Comment votre région se démarque-t-elle en philanthropie ?

« La population de l’Abitibi-Témiscamingue est reconnue pour sa générosité. À chaque événement de collecte de fonds, nous sommes surpris des résultats. Les gens sont solidaires et généreux ! Rouyn-Noranda et ses 42 000 habitants compte 99 organisations de bienfaisance enregistrées auprès de l’Agence du revenu du Canada, dont 26 de nature religieuse, 16 visant les arts, la culture et l’éducation, 15 visant la jeunesse (incluant des camps d’été, les maisons des jeunes, etc.), et 5 visant les femmes. Les autres causes incluent les aînés, les personnes vivant avec un handicap et bien sûr la santé, qui compte 14 organismes locaux.

16 organismes, dont 5 fondations hospitalières, œuvrent directement dans le giron du CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue, dont la population desservie compte 152 000 personnes. Les causes associées aux grandes maladies sont toutes bien présentes, y compris l’Alzheimer, le cancer, la santé mentale et le suicide, les traumatismes crâniens, le diabète… C’est beaucoup mais les besoins ne cessent de croître !

Au cours des dernières années, le milieu philanthropique de l’Abitibi-Témiscamingue a évolué comme partout au Québec, obligeant les organismes à redoubler d’efforts et de créativité pour se démarquer. La vitalité économique de la région, la solidarité des citoyens et la force de la collaboration avec le milieu privé permet à chacun de bien remplir sa mission. »

 

Bien sûr, les opportunités et les défis ne manquent pas.

Si chaque région jouit de certaines forces, de certains avantages liés à leur spécificité propre, il n’en reste pas moins qu’elles sont aussi confrontées à de nombreux défis, dont l’ampleur et la forme peuvent varier au gré de l’actualité régionale, nationale, internationale et selon le contexte économique, politique, culturel, etc.

 

  • Quelles sont les occasions à saisir ?

« Collaborer et s’unir pour être plus forts ! Vu la multitude d’organismes en philanthropie en Abitibi-Témiscamingue, nous avons tout intérêt à collaborer davantage pour avoir un plus grand impact. »

  • Quels sont les plus grands défis à vos yeux ?

« Comme soulevé par plusieurs experts en philanthropie, l’instabilité liée au financement, au personnel et à la capacité de fonctionner est une source d’inquiétude. La pression est toujours de plus en plus forte pour que des mesures concrètes soient prises à l’égard d’énormes enjeux de société, mais il devient de plus en plus difficile pour les organismes d’assurer le financement. Les inégalités sociales continuent de se faire sentir et l’accès aux soins et services de santé ne s’améliore pas en raison de notre éloignement des grands centres et de l’enjeu important de main-d’œuvre en santé. Les besoins augmentent et le don est toujours plus difficile à aller chercher.

À noter qu’il n’y a aucun doute que du point de vue des donateurs, bien qu’ils soient généreux, l’écosystème est touffu et complexe, avec de nombreuses redondances et de grands risques de confusion. Nous sommes loin ici d’un contexte optimisé et professionnalisé, d’autant plus qu’une douzaine de fondations semblent fonctionner sans ressources permanentes. Cette culture régionale complexifie certainement le travail des fondations qui cherchent à se professionnaliser en investissant dans leur capacité interne. Pourquoi serait-il nécessaire de payer des permanences professionnelles, alors qu’on peut faire si bien sans ? La réponse tient à la production d’une croissance durable, possible uniquement dans le contexte d’une réelle professionnalisation.  Ce sera de plus en plus vrai, dans une époque où la compétition ne provient plus que des OBE, mais surtout (pour les plus jeunes donateurs) du sociofinancement, qui facilite le don de main à main, créateur d’un lien concret entre le don et son impact.

Le principal défi à relever : plus de dialogue, plus de collaboration et plus de coordination, afin de faire face aux grands enjeux sociaux qui affecteront nécessairement l’engagement et le don de soi. Pour tirer notre épingle du jeu, il faudra saisir l’occasion de se redéfinir avec agilité et pertinence. »

  • Qu’est-ce qui a marqué la philanthropie dans votre région dans les cinq dernières années ?

« En termes positifs, la solidarité des gens de la région ! En termes négatifs, le vieillissement des bénévoles et l’effritement de l’aide bénévole.

La pandémie et la pénurie de main-d’œuvre ont grandement marqué la philanthropie. On a vu plusieurs élans de solidarité en réponse à la crise sanitaire et aux besoins criants de main-d’œuvre. Nous profitons toujours d’une économie forte, la région jouissant de la présence de plusieurs minières et de grandes corporations sur son territoire. »

 

Et l’AFP Québec dans tout cela ?

Conférences, formations, ateliers, programme de bourses, mentorat, réseautage, forums de discussion, code d’éthique et de déontologie sont autant d’outils mis à la disposition des professionnels en philanthropie.

 

  • De quelle manière l’AFP influence-t-elle votre carrière en philanthropie ?

« L’AFP est une source d’informations fiables, pertinentes et de contacts privilégiés en philanthropie. Elle me permet de grandir et d’acquérir les compétences essentielles à mon développement professionnel. »

  • À quels services avez-vous le plus recours depuis votre adhésion ?

« J’ai eu recours aux webinaires, aux formations et aux possibilités de réseautage. »

  • À votre avis, pourquoi être membre de l’AFP demeure-t-il incontournable pour les professionnels en philanthropie ?

« Forte de ses 30 000 membres partout au Canada, l’AFP offre les meilleures ressources et le meilleur réseautage. »

 

Chose certaine, l’AFP Québec a la volonté d’offrir à ses membres les meilleures opportunités d’apprentissage et de réseautage possible, en vue de faire grandir la profession, de favoriser l’épanouissement professionnel de chacun et de montrer la voie vers les meilleures pratiques en collecte de fonds.

 

Nous tenons à remercier sincèrement Stéphanie Thuot pour son témoignage éclairant et lui souhaitons un bon succès. Nous espérons voir croître le nombre de membres œuvrant en Abitibi-Témiscamingue dans les mois et les années à venir, signe que la professionnalisation du secteur aura fait son chemin, au bénéfice de tous les organismes de la région, et signe que l’AFP Québec saura remplir sa mission, autant que faire se peut.