21 avril 2022
L’AFP Québec est allée sonder ses membres un peu partout au Québec afin de dresser un portrait de chacune de nos belles régions et modestement dresser un état des lieux de la philanthropie, ici et là.
Steve Lévesque, président d’Unicause depuis 13 ans, a accepté de répondre à nos questions.
Nous sommes chanceux qu’il ait accepté de se prêter au jeu des questions-réponses et nous espérons compter bon nombre de professionnels en philanthropie œuvrant dans cette belle région dans les années à venir, en répondant au mieux aux besoins du secteur et de ses acteurs.
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Pourquoi avez-vous choisi de faire carrière en philanthropie ?
« Comme de très nombreuses personnes dans le milieu de la philanthropie, je suis tombé dans ce merveilleux monde un peu par hasard. Après mes études en communication et journalisme, j’ai commencé à travailler dans la région de Rimouski. Après un an, une opportunité de travailler en communication à la Société canadienne du cancer pour le bureau du Bas-Saint-Laurent s’est ouverte.
Au bout de quelques mois, j’ai donné un coup de main à la personne responsable du financement. Ce fut une découverte, j’ai trouvé que ce poste demandait de nombreuses compétences, des qualités humaines et beaucoup de polyvalence. Faire de la gestion administrative, organiser des événements, recruter et motiver des bénévoles, aller chercher des commanditaires, faire la vente de billets et vendre une mission sociale pour aller chercher des dons individuels. Wow ! J’étais servi. Moi qui avais toujours peur de m’ennuyer avec un travail répétitif, j’avais la chance de tout faire et de tout voir sur mon territoire. »
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Comment votre région se démarque-t-elle en philanthropie ?
« Territoire de grands espaces, le Saguenay Lac-Saint-Jean est une région de forêts, de lacs, de montagnes et d’un magnifique fjord. La population d’environ 280 000 personnes est répartie dans de nombreuses municipalités sur un très grand territoire. Avec plus de la moitié de la population du territoire, Saguenay regroupe de nombreux OBNL. Comme dans plusieurs milieux régionaux, Centraide, les fondations hospitalières, les organismes de lutte contre le cancer et la fondation de l’Université représentent les leaders du financement sur le territoire. »
Bien sûr, les opportunités et les défis ne manquent pas.
Si chaque région jouit de certaines forces, de certains avantages liés à leur spécificité propre, il n’en reste pas moins qu’elles sont aussi confrontées à de nombreux défis, dont l’ampleur et la forme peuvent varier au gré de l’actualité régionale, nationale, internationale et selon le contexte économique, politique, culturel, etc.
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Quelles sont les occasions à saisir ?
« Au Saguenay Lac-Saint-Jean, les gens sont très fiers de leur milieu de vie et accordent beaucoup d’importance à la nature. C’est donc un endroit extraordinaire pour organiser des événements de plein air hors du commun, que l’on ne voit pas dans toutes les régions. Quelles soient individuelles ou en groupe, nous avons des activités de financement en ski alpin, de randonnée en montagne ou à vélo, ce qu’il n’y a pas ailleurs. Un organisme tel que Sur la pointe des pieds est très actif en ce sens. Leur mission étant d’aider les jeunes atteints de cancer à retrouver leur bien-être en relevant le défi d’une expédition d’aventure thérapeutique, l’organisation d’activités de financement en plein air fait partie de leur ADN. C’est pourquoi ils utilisent le Lac-Saint-Jean en hiver comme terrain de jeu et moyen de financement. »
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Quels sont les plus grands défis à vos yeux ?
« En termes de défis, ils sont assez similaires à ceux des différentes régions du Québec : peu de sièges sociaux importants, une philanthropie basée sur les campagnes auprès des PME et auprès des donateurs individuels avec des événements, une population vieillissante, l’exode des petites municipalités vers les villes, la rareté de la main-d’œuvre et un don moyen plus bas que dans les grands centres. »
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Qu’est-ce qui a marqué la philanthropie dans votre région dans les cinq dernières années ?
« C’est une question plus difficile à répondre que les précédentes. Puisque j’ai la chance de travailler avec plusieurs organismes à travers tout le Québec, je pense que les éléments marquants sur le territoire du Saguenay Lac-Saint-Jean sont sensiblement les mêmes que ceux vécus dans l’ensemble des régions du Québec, surtout avec la période de pandémie. Il y a eu un virage du don événementiel vers un don plus individuel, avec une hausse des revenus dans les campagnes annuelles. Les gens acceptent maintenant de donner à la mission ou à un projet, au lieu de toujours souhaiter participer à un événement. Du côté des grandes entreprises et des PME, l’instabilité financière amenée par la COVID et les possibilités de fermeture ont entraîné des changements dans leur niveau d’engagement. »
Et l’AFP Québec dans tout cela ?
Conférences, formations, ateliers, programme de bourses, mentorat, réseautage, forums de discussion, code d’éthique et de déontologie sont autant d’outils mis à la disposition des professionnels en philanthropie.
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De quelle manière l’AFP influence-t-elle votre carrière en philanthropie ?
« Entrer dans le monde de la philanthropie en région nous amène très souvent à faire face à la solitude. Plusieurs d’entre nous commencent dans de toutes petites organisations et ne sont que la seule ressource rémunérée pour l’organisme ou dans l’équipe du financement. Je me souviens qu’à mes débuts, j’avais l’impression d’être un « quêteux professionnel » : de devoir quêter pour aller chercher des dons. Ce sentiment a disparu quand j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui étaient membres de l’AFP Québec. »
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À quels services avez-vous le plus recours depuis votre adhésion ?
« Mon premier congrès en philanthropie fut une véritable découverte. Je n’étais définitivement pas seul à pratiquer ce travail, et en plus, les gens que je rencontrais étaient de véritables professionnels dans notre domaine. Je me souviens d’avoir été très impressionné par ma première rencontre avec Monsieur Gil Desautels, de KCI. J’avais envie d’apprendre, d’en savoir autant que lui. Pour ce faire, j’ai continué à participer à différentes formations et congrès, aussi souvent que je le pouvais. Que l’on habite à Montréal, à Québec, à Saguenay, à Alma ou à Dolbeau, je suis maintenant convaincu que la formation et les rencontres avec nos pairs sont la clé pour être un professionnel en philanthropie. De plus, la pandémie a permis la mise en place des formations virtuelles. Même si nous avons très hâte de se retrouver en présentiel, je suis convaincu que la formation en mode virtuel va demeurer un outil très efficace. Cela permet à des professionnels de partout au Québec de développer leurs compétences grâce aux partages de leurs collègues des autres régions. À ce titre, j’ai eu la chance de donner quelques-unes de ces conférences et ce fut une très belle expérience de pouvoir me connecter à des gens passionnés et curieux d’apprendre, à travers tout le Québec. »
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À votre avis, pourquoi être membre de l’AFP demeure-t-il incontournable pour les professionnels en philanthropie ?
« Ne pas rester seul dans votre coin est sans aucun doute le premier conseil que je donnerais à un jeune qui arrive dans le milieu. Nous avons tellement à apprendre de nos collègues à travers tout le Québec qu’il est essentiel de partager, d’échanger. Soyez membres d’une association comme l’AFP Québec, participez activement aux activités et n’hésitez pas à créer des liens avec d’autres membres pour échanger ensemble de façon hebdomadaire ou mensuelle. Même après 26 ans en philanthropie, j’ai beaucoup à donner mais encore beaucoup à apprendre, et c’est auprès de mes collègues que je souhaite poursuivre mon apprentissage. Merci à l’AFP Québec pour cette opportunité. »
Chose certaine, l’AFP Québec a la volonté d’offrir à ses membres les meilleures opportunités d’apprentissage et de réseautage possible, en vue de faire grandir la profession, de favoriser l’épanouissement professionnel de chacun et de montrer la voie vers les meilleures pratiques en collecte de fonds.
Nous tenons à remercier sincèrement Steve Lévesque pour son témoignage éclairant et lui souhaitons un bon succès. Nous espérons voir croître le nombre de membres œuvrant au Saguenay-Lac-St-Jean dans les mois et les années à venir, signe que la professionnalisation du secteur aura fait son chemin, au bénéfice de tous les organismes de la région, et signe que l’AFP Québec saura remplir sa mission, autant que faire se peut.