26 novembre 2025
Un article de Yvanca Lévy, Sandra Chabot et Adam Hamidi
Dans un monde où la diversité est parfois perçue comme un défi, l’art offre une voie singulière pour en célébrer la richesse. À travers ses formes multiples, il devient un miroir de notre société, révélant non seulement ses contradictions, mais aussi ses potentialités d’évolution. L’art est cet espace où se croisent les réalités de chacun et où, à travers l’intention et la rencontre, naît un dialogue véritable, créatif et inclusif. C’est cette vision que Christine Redfern, fondatrice de la galerie ELLEPHANT à Montréal, défend et incarne au quotidien.
ELLEPHANT est un lieu où se rencontrent art contemporain et technologie. C’est un espace unique, non seulement pour les œuvres qu’il accueille, mais aussi pour la manière dont il redéfinit la place de l’art dans la société. Selon Christine Redfern, l’art, dans sa forme contemporaine, est un vecteur puissant de réflexion sur la diversité. En tant que « miroir de la société », il permet de prendre du recul et de mieux comprendre les réalités souvent ignorées, de déconstruire les stéréotypes et de promouvoir une culture de l’empathie et de l’inclusion.
L’art : un espace d’inclusion, un levier de transformation sociale
Prenons l’exemple de l’artiste JJ Levine, dont le projet Portraits Queer documente, depuis près de 20 ans, la communauté queer avec une sensibilité à la fois discrète et percutante. À travers ses photographies, Levine nous montre une réalité souvent mise de côté, en explorant la diversité des parcours de vie au sein de la communauté LGBTQ+, loin des stéréotypes. Pour Christine, l’art contemporain « invite les publics à considérer des réalités autres que les leurs », et participe activement à la construction d’une société plus ouverte, plus consciente de ses diversités.
Le travail de Skawennati, une autre artiste phare de la galerie, est également un exemple marquant de l’art comme moteur de changement. En utilisant des technologies numériques, Skawennati brise les barrières temporelles pour proposer une vision de l’avenir des peuples autochtones, un avenir où ces derniers sont non seulement présents mais bien vivants, connectés aux enjeux contemporains et aux réalités technologiques. À travers ses machinimas, machinimages, textiles et installations, elle redonne une voix aux communautés autochtones, en leur offrant une place dans l’imaginaire collectif. Son engagement va au-delà de l’art : en cofondant des initiatives comme Aboriginal Territories in Cyberspace (AbTeC) et l’Initiative for Indigenous Futures, elle ouvre la voie à une représentation authentique et respectueuse des peuples autochtones dans les espaces numériques.
La philanthropie : un levier essentiel pour l’inclusion et l’accès à l’art
L’engagement philanthropique est fondamental pour permettre à des projets comme ceux-ci de voir le jour. La philanthropie ne se limite pas seulement au financement de l’art, elle peut aussi être un véritable catalyseur de transformation sociale. Un exemple que Christine Redfern cite est le partenariat entre le Musée d’art contemporain de Montréal (MACM) et un partenaire philanthropique, un modèle de philanthropie participative. Lors de leur événement annuel, des invités extérieurs, souvent éloignés du monde de l’art, sont invités à découvrir des œuvres contemporaines et à participer activement à leur acquisition pour la collection du musée. Ce type d’initiative renforce le sentiment de communauté et d’appartenance tout en élargissant l’accès à l’art, surtout pour ceux qui ne se sentent pas toujours inclus dans les espaces traditionnels de la culture.
Pour un modèle philanthropique à long terme
Christine rêve également d’un modèle philanthropique plus durable, qui soutiendrait les artistes en mi-carrière, souvent laissés pour compte dans les mécanismes de financement. Elle évoque un projet où les entreprises montréalaises seraient invitées à enrichir leur collection d’art avec des œuvres d’artistes québécois vivants. Elle imagine un projet dans lequel davantage d’entreprises montréalaises profiteraient des multiples avantages financiers et sociaux liés à la constitution de collections corporatives composées d’œuvres d’artistes québécois vivants. Ce projet viserait à soutenir financièrement ces créateurs tout en renforçant l’identité culturelle des entreprises par un art qui reflète la diversité et l’inclusion. En soutenant les artistes à tous les stades de leur carrière, la philanthropie devient non seulement un moteur de la création, mais aussi un vecteur de changement pour la société.
L’art comme moteur de transformation collective
À travers les projets de ELLEPHANT et d’autres initiatives artistiques et philanthropiques, l’art prouve sa capacité à remettre en question, à ouvrir des espaces de rencontre et à célébrer la diversité sous toutes ses formes. La philanthropie, quant à elle, a un rôle clé à jouer en soutenant ces projets, non seulement en les finançant, mais en participant activement à une transformation de notre relation à la culture et à l’inclusion.
L’art, la philanthropie et l’inclusion ne sont pas des notions séparées, mais des forces qui, ensemble, peuvent façonner un avenir plus juste et plus ouvert pour tous.
Conseillère, Relations avec les donateurs
Fondation CHU Sainte-Justine

Fondation CHU Sainte-Justine
Conseiller en développement philanthropique
Fondation de l’Université du Québec en Outaouais