29 février 2024

Un article de Stéphanie Mathieu, membre du comité IDEA de l’AFP Québec

Le saviez-vous ? Au Québec, un impressionnant 75 % des foyers monoparentaux sont sous la responsabilité des femmes. Ces foyers sont deux fois plus susceptibles de vivre dans la pauvreté que les familles biparentales. Cette dure réalité brosse un tableau clair : le bien-être des femmes et des enfants est profondément lié, et leur vulnérabilité collective exige notre attention, tous les jours de l’année, et pas seulement lors des journées nationales désignées. 

Mars souligne la Journée internationale des femmes, et pour le comité IDEA de l’AFP Québec, l’esprit de « Les femmes et les enfants d’abord » est un principe directeur, et non une entrée dans le calendrier. Qu’il s’agisse de naviguer dans les déserts de la garde d’enfants où les options abordables sont rares (ce qui affecte 4 enfants sur 10 au Canada), ou de faire face à la réalité effrayante de la violence fondée sur le genre (vécue par la moitié des femmes au Canada), les obstacles qui se dressent contre les femmes peuvent parfois sembler insurmontables. Alice Walker nous rappelle judicieusement que « la façon la plus courante dont les gens abandonnent leur pouvoir est de penser qu’ils n’en ont pas ». En revanche, c’est précisément dans ces moments-là que le travail d’organisations devient une bouée de sauvetage.

En mars, le comité IDEA honore le travail incroyable des organisations à but non lucratif au Québec qui font une différence tangible dans la vie des femmes et des enfants. Ce sont les héros méconnus qui sont en première ligne et qui s’attaquent à des problèmes tels que l’insécurité alimentaire, la violence familiale et l’accès à l’éducation. Qu’il s’agisse d’offrit un refuge aux victimes d’abus, ou de fournir des ressources essentielles aux mères célibataires, leur impact est incommensurable. Mais soyons honnêtes : « Nous ne pouvons pas tous réussir quand la moitié d’entre nous est retenue », comme le dit si bien Malala Yousafzai. La sensibilisation ne suffit pas.

Alors, comment traduire cette compréhension en action tangible ?

Au-delà des dons : 5 façons créatives d’autonomiser les femmes de votre communauté

Bien que les dons soient sans aucun doute essentiels, il existe une multitude de façons de soutenir les femmes de votre communauté qui vont au-delà d’une contribution financière. Voici quelques idées originales qui peuvent créer un changement durable :

  1. Amplifier les voix non entendues : Un refuge local pour femmes a besoin d’aide pour traduire des documents ? Offrez vos compétences linguistiques ! Y a-t-il des entreprises dirigées par des femmes qui luttent pour se faire connaître ? Partagez leurs histoires sur les médias sociaux ou organisez des marchés éphémères. L’amplification de leurs voix et de leurs besoins peut ouvrir la voie à des solutions concrètes.
  2. Encadrer la prochaine génération : Devenez un modèle en faisant du bénévolat auprès de groupes de filles ou de programmes de mentorat. Partagez votre expérience professionnelle, offrez des conseils pour relever les défis et aidez-les à imaginer leur propre voie vers la réussite.
  3. Remettre en question le statu quo : Vous êtes témoin de préjugés sexistes en action ? Ne soyez pas spectateur. Exprimez-vous avec respect, informez-vous, informez les autres, et défendez les politiques qui promeuvent l’égalité. Votre voix, associée à celle d’autres personnes, peut susciter des conversations importantes et démanteler des normes néfastes.
  4. Organiser un atelier de partage des compétences : Vous êtes graphiste, développeur web ou spécialiste des médias sociaux ? Organisez un atelier gratuit spécialement destiné aux femmes entrepreneurs ou aux responsables communautaires. En partageant votre expertise, vous leur apporterez des compétences précieuses pour naviguer dans le paysage numérique et amplifier leur travail.
  5. Créer une communauté de soutien : Lancez un programme «Échange de mamans» dans le cadre duquel les mères peuvent se mettre en contact et s’offrir mutuellement un soutien en matière de garde d’enfants. Favoriser un réseau de relations et d’entraide peut permettre aux femmes de s’épanouir tant sur le plan personnel que professionnel.

L’essentiel est de sortir des sentiers battus et de personnaliser vos actions en fonction des besoins et des défis spécifiques auxquels sont confrontées les femmes de votre communauté. Chaque initiative, aussi petite soit-elle, peut contribuer à construire une société plus équitable et plus prospère pour tous.

N’oubliez pas que le changement commence avec chacun d’entre nous. En agissant, nous pouvons créer un Québec où les femmes et les enfants ne se contentent pas de survivre, mais s’épanouissent. Faisons en sorte que «Les femmes et les enfants d’abord» soit plus qu’un simple slogan, mais une réalité vécue, chaque jour de l’année. Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir meilleur pour nos communautés, en commençant par les plus vulnérables d’entre nous. Travaillons ensemble, et donnons plus de pouvoir aux femmes et aux enfants qui façonnent notre société.

Statistiques

Des statistiques concernant les défis auxquels les femmes sont confrontées :

  1. Déserts de garde d’enfants :
    • Source : Institut d’études canadiennes de McGill, rapport intitulé « Childcare Deserts in Canada : An Examination of Access and Affordability » (2020).
    • Statistiques : Au Canada, 4 enfants sur 10 vivent dans un « désert de garde d’enfants », ce qui signifie qu’ils n’ont pas accès à des services de garde d’enfants réglementés et abordables à une distance raisonnable de leur domicile. Cette situation a un impact disproportionné sur les mères, qui assument souvent la responsabilité de la garde des enfants et sont confrontées à des choix de carrière limités en raison du manque de disponibilité.
  2. Violence fondée sur le sexe :
    • Source : Statistique Canada, « La violence familiale au Canada, 2021 « ».
    • Statistique : La moitié des femmes (50 %) au Canada ont subi au moins un incident de violence physique ou sexuelle depuis l’âge de 15 ans. Cette violence peut avoir des conséquences durables sur leur santé physique et mentale, ainsi que sur leur capacité à s’occuper de leurs enfants et à les élever.
  3. Écart salarial :
    • Source : Fédération canadienne des femmes : Fédération canadienne des femmes, « Fast Facts About Women and Work » (2023).
    • Statistique : En moyenne, les femmes au Canada gagnent 87 cents pour chaque dollar gagné par les hommes, un écart qui persiste même lorsque l’on tient compte de facteurs tels que l’éducation et l’expérience. Cette disparité économique limite l’indépendance financière des femmes et peut affecter leur capacité à subvenir aux besoins de leur famille.

Il ne s’agit là que de quelques exemples, et les défis spécifiques auxquels les femmes sont confrontées peuvent varier en fonction de leur situation personnelle et de leur lieu de résidence. Cependant, ces statistiques mettent en évidence les obstacles très réels et significatifs que rencontrent de nombreuses femmes et soulignent l’importance d’œuvrer pour une société plus équitable où toutes les femmes et tous les enfants peuvent s’épanouir.

Il est également important de noter que ces défis sont liés les uns aux autres. Par exemple, le manque de services de garde d’enfants abordables peut contribuer à la baisse des salaires des femmes, qui peuvent être contraintes de quitter le marché du travail ou d’accepter des emplois moins bien rémunérés avec des horaires flexibles. De même, la violence sexiste peut avoir un impact négatif sur le bien-être mental et émotionnel des enfants, le tout perpétue ainsi un cycle de désavantages.

En comprenant ces défis et en prenant des mesures pour les relever, nous pouvons créer un avenir meilleur pour toutes les femmes et tous les enfants de nos communautés.

 

A propos de l’auteure

STÉPHANIE MATHIEU

Stéphanie est un être humain insatiable avec une curiosité sans limite pour le monde, ses cultures et le paysage technologique en constante évolution. Elle n’est pas seulement une observatrice, mais une participante au monde qui l’entoure. Ayant le don de se lancer tête baissée dans divers projets, Stéphanie est une personne qui apprend tout au long de sa vie et qui ne cesse d’élargir ses horizons. Elle ne cherche pas seulement à vivre une expérience, mais à avoir un impact réel. Façonnée par l’immersion mondiale et l’innovation numérique, Stéphanie apporte une perspective unique et sincère à chaque projet, laissant une trace de passion et d’excellence dans les entreprises et les organisations à but non lucratif.